Avec respect mais avec une vérité audacieuse, ce penseur dans une grande liberté, ce théologien amène le lecteur que je suis à vouloir vivre les défis contemporains du catholicisme et je souhaite la même chose si vous pensez que cette Église donne un sens à votre vie. Notre Église détient dans l’Évangile toute la possibilité pour s’innover sans se renier. Rien de pire que le repli sur soi et la peur du changement afin de maintenir une structure d’Église qui ne répond pas aux besoins de nos collectivités. En insistant trop sur les règles morales et les dogmes, notre Église a oublié en chemin les forces engageantes de l’Évangile de Jésus.
Ce désir de changement dans notre Église nous invite avec lui, cet auteur sérieux et réfléchi de me poser la question comment témoigner de l’Évangile de la façon la plus accessible aux hommes et aux femmes de notre temps? Quelles restructurations avec un air de jeunesse sont nécessaires dans notre Église pour que les baptisés y soient pleinement impliqués? Comment « être Église ensemble », prêtres, religieux et religieuses et tous les laïcs baptisés dans une mission qui est l’affaire de tous et toues, des hommes et des femmes?
Nous vivons dans une société sécularisée, une société où les références chrétiennes sont du passé. Le catholicisme n’est certes pas encore mort, il n’est pas même pas en phase terminale mais il semble parfois proche de sa retraite. Il n’est pas étonnant que notre Église entend maintenir à tout prix un statut sacerdotal, un statut clérical né comme tel au Moyen âge et ainsi manifeste une volonté d’autoconservation suicidaire au lieu de poser la seule question qui vaille : comment vivre l’Évangile aujourd’hui dans cette société profondément laïque comme un début de changement? Comment arriver à nous vivre en Église non pas comme des baptisés assis mais comme des gens engagés avec l’enthousiasme et le feu sacré du type de la parabole qui a découvert un trésor dans son champ?
Face à la crise que connaît notre Église, je partage avec vous cette conviction qu’un « recentrage » sur l’Évangile plutôt que sur la religion organisée est nécessaire pour que l’esprit évangélique puisse être entendu et vécu dans le monde actuel. Ça veut dire quoi, un « recentrage » sur l’Évangile exactement? Cette crise n’est pas nouvelle et elle est commencée depuis la fin du XV111 siècle et elle s’est accentuée avec le X1Xième siècle qui porte le nom, le siècle des Lumières pour enfin aboutir jusqu’à nous en ce début du XX1ième siècle. Ayant située ce que notre Église vit depuis des décennies, je pense qu’il n’est pas osé d’affirmer qu’on a enterré le message de l’Évangile dans les dorures de nos églises en imposant presque le bâillon du silence aux baptisés.
En examinant la situation présente de notre Église dépeuplée dans un monde sans Dieu, où la passivité des baptisés l’emporte sur l’engagement missionnaire, essayons ensemble dans ce chaos de trouver une source d’espérance, des promesses et des conditions d’une renaissance.
On peut penser les plus belles structures commandées par un clergé dévoué, elles ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau, si nous ne mettons pas en place une démarche engageante qui exige que tous les baptisés se sentent collectivement responsables de l’Évangile et que ces même baptisés s’engagent dans cette mission collective vécue dans la vie et les affaires de ce monde.
Je nous invite à un nouveau regard sur notre Église qui jusqu’à aujourd’hui se vivait d’en-haut, à partir de la hiérarchie. Comment pensez l’Église à partir des communautés missionnaires et non pas à partir d’une hiérarchie qui dicte et qui ne mobilise pas au nom de l’Évangile. Le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium nous invite à ne pas nous laisser voler cette vocation missionnaire qui est la nôtre dans une Église aux portes ouvertes avec des baptisés qui se sentent partenaires engagées à part entière au cœur d’une mission.
Pour mieux vivre cette vocation missionnaire de l’Église, au cœur des paroisses existantes de notre diocèse, il est urgent de s’engager d’abord dans un besoin de changement. Un changement de mentalité d’abord afin de passer d’une Église de consommateurs à une communauté convertie aux fins missionnaires qui témoignent de la liberté selon l’Évangile du Christ. Comment passer d’une Église qui entretient à une Église qui veut davantage évangéliser? Sinon dans une démarche d’une conversion pastorale à tous les niveaux comme le préconise le pape François, aussi bien chez la papauté, chez l’épiscopat, les prêtres et tous les baptisés.
Comment donner de la visibilité à l’Évangile dans un monde où se vit un certain retrait de l’Église structurée? Pour mieux donner une visibilité à l’Évangile, il faut que notre démarche de foi soit le lieu avant tout de la rencontre personnelle de Jésus. « Pour vous, qui suis-je? » Nous avons entendu la question mais la réponse se fait attendre. Quel est le profil missionnaire du baptisé que vous êtes et la communauté chrétienne qui est la vôtre? De même que Jésus, dans ses tournées missionnaires, se tournait d’abord vers les malades et que, dès qu’il prenait la parole en parabole ou autrement, il s’intéressait d’emblée à la conduite concrète d’un fils à l’égard de son père, des riches à l’égard des pauvres, des Judéens envers la Samaritains, de même donc que Jésus annonçait le royaume de Dieu en prenant à bras-le-corps des problèmes humains, de même nous devons observer ce qu’il y a autour de nous le plus de souffrance à soigner, le plus d’injustice à réparer, le plus d’incompréhension entre les gens, les besoins d’entraide les plus criants, où sont les blessures d’humanité à guérir, celles du moins auxquelles il nous est possible de porter remède, par nous-mêmes en mobilisant d’autres personnes : croyants, croyantes, athées et non-pratiquantes. Être missionnaires nous demandent non pas de rester entre nous mais de vivre une Église en « sortie », en « partance ». Une telle conversion pastorale nous permet de donner à l’Église un nouveau visage et ce changement viendra d’en bas quand les laïcs chrétiens, poussés par le souffle de l’Esprit apporteront au monde toute l’Espérance de l’Évangile, source d’une vraie liberté.
Dans cette crise d’Église, il ne s’agit pas de sauver l’Église mais de renouveler la société et ainsi de sauver l’homme et la femme d’aujourd’hui. Pour cela, comme nous le lisons dans le décret conciliaire Gaudium et Spes, l’Évangile sera « Bonne Nouvelle » pour l’humanité et aussi elle sera le salut apporté à toute l’humanité.
L‘Église actuelle mise sur la restauration de la vie de l’Église et ses traditions en attente d’un clergé venant de France. Une décision que je respecte mais suscite des échos dans les plaintes que l’on entend un peu partout. Nous savons qu’un clergé nouveau, un clergé rajeuni est devenu beaucoup plus traditionaliste et légaliste que le clergé que l’on avait connu n’ira pas dans le sens changements urgents pour faire Église aujourd’hui et autrement, où il est urgent de libérer les forces d’un laïcat trop longtemps en chômage et silencieux. La prise de parole et le débat sont-ils possibles dans notre Église, au nom de la mission?
L’évangélisation doit être non pas une reconquête de l’espace public, mais l’entretien des valeurs chrétiennes dans le monde sécularisé, en les laissant telles qu’elles sont devenues : communes, sécularisées. Il nous faudra vivre les fruits de notre christianisme portés hors des murs de l’Église et ainsi être porteurs et porteuses d’une parole libératrice qui est celle de l’Évangile. L’Évangile n’est pas un code de pratique religieuse mais un message qui abonde d’invitations de justice et de charité. Constamment l’Évangile nous invite à nous interroger sur notre comportement avec autrui et avec Dieu et ainsi grandir en humanité dans le respect de tous et toutes.
Une vision nouvelle, mais urgente et source d’une espérance « tremblante » mais possible.